Élisabeth Carrier, En mission. Une vie au sein de la Croix-Rouge, Québec Amérique, Montréal, 2014.
Nuit blanche, no. 137, hiver 2015
C’est une vie bien singulière que nous expose la Québécoise Élisabeth Carrier, qui passé sa vie dans les endroits les plus dangereux et inaccessibles du monde, au sein des nombreuses zones de conflits qui ont parsemé la vie de notre la planète au cours des 30 dernières années.
Animée par un grand désir d’être au cœur de l’action et de faire des rencontres singulières avec des gens hors du commun, Mme Carrier aura finalement fait une carrière de longue haleine au sein de la Croix-Rouge, à aider au quotidien les victimes de conflits.
Le livre raconte ses missions depuis 1990. Mme Carrier agit comme experte en logistique médicale. Elle se retrouve au Sri Lanka et, dès cette première mission, elle est exposée aux horreurs de la guerre : des femmes y pleurent leurs maris et leurs fils disparus. « De retour au Québec, on me parle des beautés du Sri Lanka. (…) mais j’ai peu de souvenirs de ses beautés. Je resterai imprégnée longtemps des cris de douleurs de ses femmes. »
Une fois cette initiation effectuée, elle répondra ensuite présente aux demandes de la Croix-Rouge pour des missions successives en Irak, Éthiopie, Croatie, Afghanistan, Cambodge, Rwanda, Tchétchénie, Caucase, Congo, Haïti, Myanmar, Pakistan, Liban, Tchad, et, enfin, en Guinée.
Mme Carrier décrit ces missions, une par chapitre, et elle y relate le travail et les défis vécus au quotidien, notamment au sein des camps de réfugiés. Le personnel de la Croix-Rouge y est souvent la seule humanité, la seule épaule bienveillante que rencontrent les victimes des conflits. Chaque fois, malgré les grands inconforts matériels (lit de fortune, froid, chaleur extrême, nourriture douteuse, adaptation aux différentes cultures), et le fait d’être une femme dans des milieux traditionnels, Mme Carrier apporte son lot de bienfaits à ces personnes si mal prises dans la vie, au destin tragique.
En toute sobriété, l’auteure, primée pour sa carrière, et de retour définitif au Québec, ne cache pas un des prix à payer pour cette vie trépidante, périlleuse, mais riche de souvenirs, à mille lieux de la vie de bureau de la majorité d’entre nous : cela a été difficile pour elle de maintenir une relation de couple sur le long terme. Mais les compensations, en amitiés diverses, en sentiment d’accomplissement, en visites de lieux bien loin des sentiers touristiques habituels, ont manifestement été au rendez-vous.
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