Guerriers de l’impossible. L’argent, les armes et l’aide humanitaire

Samantha Nutt, Guerriers de l’impossible. L’argent, les armes et l’aide humanitaire, Traduit par Alain Roy, Les Éditions du Boréal, 2014.

Nuit blanche, no. 137, hiver 2015

Dans le milieu du développement international, il y a deux catégories de personnes : ceux qui voguent d’un hôtel luxueux à l’autre pour parler conceptuellement des « enjeux de développement » sans jamais avoir vu un pauvre de leur vie, et il y a ceux qui se frottent sur le terrain aux plus démunis d’entre nous, ceux qui ont vraiment besoin d’un gros coup de mains.

Samantha Nutt appartient, clairement, à la deuxième catégorie. Médecin de formation, elle aurait pu avoir la belle vie au Canada. Mais elle décide, jeune, à 25 ans, en lien avec sa vocation d’aider les gens, à offrir son expertise à des populations victimes de conflits.

Elle débute ainsi sa carrière de coopérant internationale en Somalie, pour une mission humanitaire dans ce pays ravagé par une guerre civile, puis vivra au Congo (Kinshasa), au Liberia et en Irak, notamment.

L’ouvrage est intéressant à plus d’un titre et se veut une lecture obligée pour tout ceux actifs en développement international humanitaire. Mme Nutt, elle-même fondatrice d’une ONG, War Child Canada, vouée aux enfants victimes de conflits, traite par exemple des contributions excessives des citoyens des pays riches durant les périodes de crise humanitaire. Ces initiatives sont malheureusement centrées sur des actions à court terme, souvent menées par les grosses organisations bien établies, qui débordent ensuite d’argent, et ne savent plus qu’en faire. Cela n’est pas sans conséquences néfastes pour le financement des ONGs plus petites, qui se consacrent à des actions à long terme. Mme Nutt en appelle à plus de « longévité » et à moins de « réactivité ».

Elle discute aussi des méfaits du volontourisme, cette tendance de certains Occidentaux à passer leurs vacances à accomplir du bénévolat dans des pays en développement. Les activités réalisées sont souvent menées par des organisations peu expérimentées et de plus : « Un flot de travailleurs non qualifiés arrivant puis repartant toutes les deux semaines représente un fardeau plus qu’un bénéfice pour les communautés sur le terrain. »

Ce qu’il faut, ce sont des actions à long terme, qui visent à atténuer les inégalités, qui réduisent la dépendance des populations, bref des initiatives pour « répondre aux défis structurels plutôt que de s’en tenir à des initiatives ponctuelles. »

Autre priorité, la plus importante d’entre toutes, selon cette grande experte : travailler auprès des femmes. À juste titre, elle avise les personnes désireuses de faire une différence, en bénévolat ou en financement : « Si vous vous demandez à qui donner et pour quelle cause, privilégiez des organismes et des initiatives qui amélioreront la vie des femmes d’une manière directe par l’entremise de projets de développement ancrés dans la communauté. »

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