Nuit blanche, no.149, hiver 2018
Jocelyne Mallet-Parent, BASCULER DANS L’ENFER, David, Ottawa, 2017 256 pages
C’est véritablement un basculement dans l’enfer que vivent les familles Benoit et Taboury.
La première famille est celle d’Ariane Benoit, médecin québécoise, mère monoparentale déjà fortement éprouvée par les méfaits de son premier mari. S’étant peu après refait une vie avec son nouveau conjoint Jean, Ariane se voit encore une fois plongée dans une histoire d’horreur, soit la radicalisation islamiste de sa fille Élise.
La seconde famille, les Taboury, formée d’un couple ayant trois enfants, tente tant bien que mal de vivre une vie normale au Québec après avoir fui les violences des années 1990 en Algérie. Tariq, l’aîné, a deux sœurs ; son père, propriétaire d’un petit dépanneur dans un quartier d’immigrants, lève parfois la main sur sa femme Fatima, voilée contre son gré et devant tout accomplir dans le foyer.
Les destins de ces deux familles se croisent quand Élise, idéaliste éprise de justice, se rapproche de Tariq, radicalisé à l’islam intégriste et en lien avec une cellule islamiste outre-mer.
Probablement pour se donner bonne réputation face à leurs nouveaux camarades en Orient qu’ils rêvent de rejoindre, ils commettent une tentative d’attentat, heureusement sans victimes, dans le métro de Montréal.
Élise et Tariq sont rapidement démasqués par l’équipe de l’inspecteur Duval, ce dernier ayant lui-même vécu une grave crise avec son fils, suicidé. Mais il ne peut mettre le grappin à temps sur nos deux protagonistes, qui ont fui prestement en destination de leur terre promise (on devine la Syrie), motivés par le désir de perpétrer d’autres actions violentes pour assouvir leur haine de l’Occident coupable de tellement d’« injustices » envers les musulmans.
Sur place, les deux jeunes Québécois tomberont rapidement dans l’amertume, car trompés par des dirigeants djihadistes pas du tout à la hauteur de leur supposée vertu… arrêtons-nous là pour ne pas dévoiler la chute de ce roman qui décrit fort bien, selon le point de vue des parents et des autorités, le parcours de deux jeunes adultes ayant basculé dans une idéologie nihiliste, sans issue.
On sent très bien dans cette histoire la recherche effectuée par l’auteure pour comprendre la radicalisation de certains jeunes dans nos pays, y compris ici au Québec. Seul petit regret : la fin du roman aurait selon moi mérité un peu plus de substance.
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