Ligne Cleveland-Waterloo: des projets similaires vont se multiplier

La Voix de l’Est, 23 février 2023

LA VOIX DES LECTEURS / La Voix de L’Est rapportait récemment (16 février 2023) «l’incompréhension, la déception et l’amertume» de plusieurs citoyens et élus relativement à la reconstruction de la ligne aérienne entre les postes de transport d’électricité Cleveland et Waterloo, au fait qu’elle ne sera pas enfouie. C’est une réaction bien compréhensible et légitime. Mais il faudra s’habituer à ces projets de remplacement ou d’ajout de lignes dans notre paysage.

Pour deux raisons: d’une part, les réseaux d’électricité construits sur nos territoires prennent de l’âge. Certains équipements tiennent encore la route, mais d’autres sont au bout de leur vie utile. Ils ont besoin d’être remplacés.

D’autre part, l’urgence climatique en appelle à la nécessité de substituer nos activités soutenues par du pétrole et du gaz par de l’électricité produite grâce à des énergies renouvelables.

Ligne Cleveland-Waterloo: Hydro-Québec rejette l’enfouissement
Ligne Cleveland-Waterloo: Hydro-Québec rejette l’enfouissement

Pour réussir cette décarbonation au Québec, comme cela a été indiqué par Hydro-Québec, il faut accroitre notre production d’électricité de 50% d’ici 2050.

Mais cette production additionnelle (éolienne, hydroélectrique) doit être acheminée des centrales vers les zones de consommation. Bien sûr, via des lignes électriques. Il y en aura donc davantage dans notre environnement. C’est inévitable.

Selon un réputé institut de recherche, pour atteindre leur objectif de décarbonation d’ici 2035, les États-Unis devront doubler, au minimum, leur réseau de transport d’électricité actuel.¹

Relativement à l’enfouissement des lignes de transport, les entreprises d’électricité invoquent des contraintes techniques: les lignes enfouies apportent moins de fiabilité.

Avec notre dépendance accrue envers l’électricité, dont pour le télétravail, cette option n’est clairement pas envisageable (sauf exception, dit Hydro, pour de courts segments, comme en région à forte densité urbaine, tel Montréal).

Et il y a aussi les coûts de l’enfouissement d’une ligne: de trois à 10 fois plus élevés qu’une ligne aérienne, et des durées de vie bien plus courtes.

Tout cela ne veut pas dire qu’il faut se résigner passivement à ces projets de lignes et de postes.

Au contraire.

Les citoyens sont plus informés, exigeants, les entreprises d’électricité le savent. Ils ont élargi la palette de possibilités pour accommoder les citoyens: planter des arbres pour camoufler leur présence, changer la couleur des pylônes, voire acheter les maisons des propriétaires impactés par des projets et qui veulent quitter.

Mais de manière plus générale, avoir de l’électricité propre, fiable, et servant à réduire les gaz à effet de serre — le grand défi de notre temps —, cela dépasse largement le mandat d’Hydro: c’est une responsabilité collective. L’électricité va prendre plus de place dans nos vies, et cela entrainera des contraintes: il faut voir à les gérer, au mieux, en se rappelant ses nombreux bénéfices.

¹ National Renewable Energy Laboratory, Examining Supply-Side Options to Achieve 100% Clean Electricity by 2035, 2022.

Yvan Cliche, retraité d’Hydro-Québec
Waterloo

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