Géopolitique des énergies: 40 fiches illustrées pour comprendre le monde

BOOK REVIEW

« Géopolitique des énergies: 40 fiches illustrées pour comprendre le monde« 
by Emmanuel Hache, EYROLLES/May 2022

Reviewed by Yvan Cliche

Site web CGAI, 12 mai 2023

The geopolitics of energy, which has been largely ignored in recent years, is back in the spotlight with the energy crisis of 2022, described by the International Energy Agency as the worst in modern history.

In Europe, 2022 was also a memorable year, with rising energy prices and strong government interventions to mitigate the effects on household budgets.

One of the first publications on the geopolitics of energy in this post-2022 era comes from France. The book by Emmanuel Hache, researcher at the Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS, Paris), one of the main French researchers on this issue, provides a great overview of our new energy landscape.

The book is divided into four sections: the current energy outlook; energy superpowers; economic and institutional regulations in the sector; and prospects and perspectives. The four sections contain 40 fact sheets, each two pages long.

In addition to these fact sheets, the author adds three complementary elements: a paragraph entitled “Focus” on a specific issue; a paragraph called “To Remember”; and a graphic illustration (map, graph or table). This information is useful for a quick overview of the topic.

The author notes that the geopolitics of energy will become “geological geopolitics” as the transition will depend on increased needs for critical minerals (for batteries, wind and solar farms). Herein lies the risk that our future way of life will slide from a dependency on fossil fuels to dependency on another type of fuel.

The author also notes that the transition is not yet an actual transition. We should instead talk about energy addition: even if oil counts less than before in the world energy mix, its consumption in volume increased by 75 per cent between 1973 and 2019. The rising development of renewable resources is a complement, not a replacement, to fossil fuels.

Hache highlights gas’s breakthrough into the energy mix and its internationalization, thanks to liquefied natural gas becoming a global commodity, just like oil. China’s rise is also detailed: between 2005 and 2020, nearly 35 per cent of Chinese direct investment abroad was related to coal, oil and gas production.

The U.S. has seen the same growing influence in the energy field. Thanks to shale oil and gas, oil and gas production in the U.S. has almost tripled in the last 10 years.

The book touches on nuclear power, the Gulf countries and their efforts to diversify their economies, and the development of a hydrogen economy and its implications for geopolitics. Much less impactful than oil, the hydrogen sector will likely be developed through an “addition of regional markets,” Hache writes.

The last chapter talks about the “geopolitics of energy sobriety.” The word “sobriety” has become trendy in Europe. Hache writes that the transition will face some resistance because it will likely be costly and thus needs a high level of societal acceptability. Hence the interest in moderating our consumption of energy and minerals, which could even become an influential factor.

Hache writes: “… effective means of moderating our energy and materials footprints (…) can constitute a powerful tool of national policy (…) and also constitute a factor of attractiveness for state actors. (…) The better quality of life that sobriety can bring could constitute a powerful factor of international leadership.”

The book provides a good overview of the world energy landscape as well as the major trends that will define its contours over the next few years.


« Géopolitique des énergies: 40 fiches illustrées pour comprendre le monde« 
par Emmanuel Hache
EYROLLES/Mai 2022

Revu par Yvan Cliche

Passablement ignorée ces dernières années, la géopolitique des énergies revient à l’avant-scène avec la profonde crise énergétique de 2022, qualifiée par l’Agence internationale de l’énergie comme la pire de l’histoire moderne.

En Europe, cette année 2022 aura aussi été mémorable, avec la hausse des prix de l’énergie et les interventions musclées des gouvernements pour en atténuer les effets sur le budget des ménages.

C’est de France que nous vient un des premiers livres sur la géopolitique des énergies en cette ère post-2022. Le livre de Emmanuel Hache, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS, Paris), un des principaux chercheurs français sur cette question, a le grand mérite de faire un état des lieux ce secteur en pleine transformation.

Le livre se divise en quatre parties : le paysage énergétique actuel ; les puissances énergétiques mondiales ; les régulations économiques et institutionnelles dans le secteur ; et les perspectives et prospectives énergétiques mondiales.

Ces quatre sections renferment 40 fiches, chacune d’une longueur de deux pages. En complément de chacune de ces fiches, l’auteur ajoute trois éléments : un paragraphe intitulé Focus portant sur un enjeu spécifique ; un paragraphe À retenir ; et une illustration graphique (carte, graphique ou tableau).

Ces informations se complètent bien et sont utiles pour un aperçu rapide du sujet abordé.

L’auteur note que la transition fera bouger la géopolitique de l’énergie vers une « géopolitique géologique », étant donné que la transition s’appuie sur des besoins accrus en minéraux critiques (batteries, parcs éoliens et solaires). D’où le risque que notre mode de vie glisse d’une dépendance aux énergies fossiles à une autre.

L’auteur note aussi que la transition n’en est pas encore une. On devrait plutôt parler d’addition énergétique : même si le pétrole compte moins qu’auparavant dans le mix énergétique mondial, il reste que sa consommation en volume a augmenté de 75 % entre 1973 et 2019.

Emmanuel Hache met la lumière sur la percée du gaz dans le mix énergétique et son internationalisation, grâce au gaz naturel liquéfié : le gaz est donc devenu une commodité mondiale, au même titre que le pétrole. La montée en puissance de la Chine est également mise en relief : entre 2005 et 2020, près de 35 % des investissements directs chinois à l’étranger ont trait à la production de charbon, de pétrole ou de gaz.

Même montée en puissance des États-Unis qui, grâce aux pétrole et gaz de schiste, a vu sa production de pétrole et gaz a été multiplié par 2,5 depuis 10 ans.

De courtes analyses touchent aussi le nucléaire, les pays du Golfe mais aussi le développement d’une économie de l’hydrogène et ses implications en matière de géopolitique de l’énergie.

Le dernier chapitre est unique : la géopolitique de la sobriété énergétique, la sobriété étant à la mode en Europe. Le chercheur écrit que la transition devrait affronter quelques résistances, car coûteuse et devant obtenir un haut niveau d’acceptabilité sociale.

D’où l’intérêt d’une certaine « modération » dans la consommation d’énergie et de minéraux : consommer raisonnablement pourrait même devenir un atout de l’influence futur des États.

Il écrit : «… des moyens efficaces de modération de nos empreintes énergétiques et de matériaux (…) peuvent constituer un socle puissant de politique nationale (…) et aussi constituer un facteur d’attractivité des États. (…) Le mieux-vivre développé par la sobriété pourrait constituer un facteur puissant de leadership international. »

Le résultat de ce tour d’horizon est convaincant. Ce petit bouquin permet de mieux appréhender l’état actuel du monde de l’énergie et les vastes bouleversements qui y ont cours.

Economics Security Global Environment & Energy Natural Resources Critical Minerals Book Review Yvan Cliche

Les commentaires sont clôturés.