Contestation en Afrique

Marie-Eve Desrosiers, Yolande Bouka, CONTESTATION EN AFRIQUE, Les Presses de l’Université de Montréal, 2022, 60 p.

Nuit blanche, no.171, été 2023

Malgré la mondialisation, nous gardons toujours, pour la plupart, des préjugés tenaces sur l’Afrique. C’est le cas de ses sursauts populaires, que nous voyons souvent comme des faits épisodiques, sans nous intéresser aux ressorts profonds qui les animent.

Dans ce livre de 60 pages pile, comme le veut le cadre éditorial propre à cette série nommée Le monde en poches, deux spécialistes universitaires brossent un portrait ciblé sur la contestation politique des 10 dernières années sur le continent africain.

Les expertes rappellent que cette contestation a en fait des racines historiques : dans les années 1990 par exemple, plusieurs pays africains subissent de fortes secousses populaires devant les politiques d’austérité imposées à l’époque.

Mas depuis les 10 dernières années, ces contestations, surtout portées par des jeunes habiles dans l’utilisation des médias sociaux, souvent des femmes notent les auteures, ont été en partie suscitées par l’immobilisme des dirigeants, la persistance du manque de débouchés pour la jeunesse, encore majoritaire sur le continent.

Plus précisément, ces manifestations, dans une bonne quinzaine de pays, ont eu cours au sein d’États dirigés par des hommes en étant à leur troisième mandat, brimant ainsi des espoirs d’alternance. Et qui, au surplus, maintiennent le pays dans l’opacité. Et, sur le plan économique, dans des conditions de « vie chère », alimentant d’autant le sentiment d’injustice populaire envers un pouvoir déjà soupçonné de corruption, et s’enracinant dans l’autoritarisme et la répression.

Malheureusement, indiquent les deux auteures, on ne voit donc pas encore bien quand se produira le point d’inflexion permettant d’envisager des changements durables répondant favorablement aux revendications légitimes de cette vague contestatrice.

Yvan Cliche

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