Bulletin MBA, octobre 2002
Parmi les grands problèmes mondiaux qui persistent en ce début de XXIe siècle, l’un des plus difficiles à endiguer reste le sous-développement chronique de l’Afrique.
Le premier ministre Chrétien l’a bien compris, lui qui veut faire du décollage économique africain l’un des derniers grands chantiers de sa longue carrière. Le premier ministre se fait en effet le champion du NEPAD, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, débattu l’été dernier lors du dernier sommet du G8.
Il s’agit d’un plan de relance de l’économie de l’Afrique, élaboré par les Africains eux-mêmes et qui a reçu l’appui des 53 états du continent. Le « cas » africain a en effet de quoi défier les meilleures analyses. Ce continent recèle en effet d’innombrables ressources matérielles, du gaz en passant par le diamant, voire même l’eau si l’on pense au fleuve Inga en République démocratique du Congo.
L’Afrique a reçu depuis trente ans des milliards de dollars en aide pour des projets de toutes sortes, notamment dans le domaine des infrastructures (énergie, télécommunications, transport, etc.), de la part des banques multilatérales et des banques de développement nationales, dont l’Agence canadienne de développement international (ACDI).
Richesses humaines aussi quand on pense que les dirigeants africains ont souvent été formés à des grades supérieurs dans les meilleures universités d’Europe et d’Amérique du Nord.
Pourtant … le continent s’enfonce dans la misère et cumule du retard par rapport à ses partenaires latino-américains et asiatiques.
L’expérience africaine démontre plus que tout qu’il ne suffit pas de construire des ponts et des routes, de bâtir des centrales. Encore faut-il que l’environnement politique, économique et social soit propice au développement. Or, c’est justement à ce niveau que l’Afrique est en déficit : les conditions générales de la société permettent peu à l’épargne de se développer et aux énergies créatrices de se manifester. .. et encore moins à l’argent de circuler et à l’investisseur d’assumer un risque calculé.
Les dirigeants africains, du moins certains d’entre eux, reconnaissent maintenant cette vérité et préconisent un ménage dans leur propre cour.
Au lieu de quémander de l’aide ou de blâmer des forces extérieures supposément liguées contre leurs pays, ces leaders disent, ouvertement, qu’il leur faut changer leur approche et implanter de vraies réformes pouvant conduire à l’émergence de leur économie nationale.
On parle ici de cadre légal et réglementaire ouvert et transparent, d’un système judiciaire indépendant, d’une fonction publique compétente, bref, de l’instauration de pratiques de saine et bonne gouvernance.
Il aura fallu du temps, beaucoup de temps, des échecs répétés et une aggravation marquée de la situation économique et sociale pour en arriver à ce difficile constat. Il est donc permis d’espérer que, cette fois, les dirigeants africains vont tenter d’infléchir les politiques de leur pays en procédant, en même temps, à l’assainissement des conditions économiques locales, mais aussi, encore plus important, à la promotion de valeurs appropriées au développement humain, soit celles de rigueur, de respect des règles de droit et d’intégrité de la société civile. Le succès du NEPAD et l’avenir du continent africain en dépendent largement.
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