Les Alouettes, ça passe, ou ça casse ?

Métro, 20-22 juillet 2001

On le sait, les Alouettes sont devenus la nouvelle attraction sportive des Montréalais. Presque plus un billet disponible pour un match local cette année! L’engouement est à son comble d’autant que nos représentants connaissent un début de saison à la hauteur et que la finale pour la coupe Grey, emblème du football canadien, sera disputée cet automne au Stade olympique.

Tout est en place, donc, pour que l’année 2001 soit celle des Alouettes, considérés comme les plus sérieux aspirants au grand honneur. Avec nos Canadiens moribonds depuis 3 ans et les Expos déjà pratiquement disparus, le club du président Larry Smith enjolive drôlement le paysage sportif professionnel des Montréalais.

Les Alouettes profitent d’un contexte favorable : leur stade et leur produit sur le terrain comblent les amateurs. Après des années moribondes, la direction cherche maintenant à rénover au plus vite le stade du centre-ville pour accueillir le flot de nouveaux amateurs. Mais ce bonheur est, on ne le dit pas assez, fragile.

Cela fait maintenant 3 à 4 ans qu’on nous promet les grands honneurs mais la tablette à trophées reste vide. Après quelques demi-finales infructueuses, les Alouettes nous ont amenés au seuil de la grande victoire l’an dernier, mais ont de nouveau fait choux blanc, par une amère défaite par 2 points en finale.

La loi du sport professionnel est implacable : le succès ne se mesure qu’à la victoire. Et le football est le plus impitoyable d’entre tous, puisqu’une élimination en séries éliminatoires ne tient qu’à un seul match. Une mauvaise séquence, une blessure inattendue, une erreur fatale, et vous rangez vos équipements jusqu’à la prochaine saison.

Les Alouettes sont dans cette délicate position. Leur quart-arrière, par exemple, n’a aucun remplaçant de talent. Une blessure à ce joueur clé, et tout est compromis. L’insécurité s’accroît d’autant qu’on ne sait quels sont les plans de rechange de l’équipe. On se met à souhaiter que la direction des Alouettes ait pris un séminaire de Risk Management l’hiver dernier chez leurs voisins de McGill !

Avec leurs meilleurs joueurs lorgnant vers les États-Unis ou qui songent à la retraite, et une grande finale se déroulant à Montréal, les Alouettes sont condamnés à gagner, sans faute, cette année. Tout autre scénario que la grande victoire pourrait leur faire un tort imprévisible. Si la frénésie actuelle tient à la fois au stade et à la qualité de l’équipe, l’un ne va pas sans l’autre. Pas sûr en effet que l’attrait urbain du stade soutienne longtemps une série d’insuccès et d’espoirs déçus sur le terrain.

Bref, les Alouettes jouent gros cette année. Comme à une croisée des chemins, une victoire ou une défaite pourrait signifier pour eux soit une envolée et une longue vie, soit une descente qui pourrait coûter, à moyen terme, leur survie.

Souhaitons-nous bien sûr le premier scénario. Notre paysage sportif professionnel en a bien besoin.

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