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Boat-People

Sharon Bala, BOAT-PEOPLE, Trad. de l’anglais par Véronique Lessard et Marc Charron, Mémoire d’encrier, Montréal, 2020, 441 pages

Nuit blanche, no.158, printemps 2020

Nous suivons quatre personnages et leurs proches dans ce roman à saveur politique : Mahindan, un veuf, et son fils de six ans, Sellian, tous deux réfugiés sri-lankais venus par cargo avec cinq cents autres demandeurs d’asile dans la région de Vancouver ; Priya Rajasekaran, une avocate d’affaires, elle aussi d’origine sri-lankaise (deuxième génération), désignée malgré elle par son cabinet pour représenter des réfugiés ; et Grace Nakamura, arbitre de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, qui doit décider si Mahindan peut ou non être admis au pays et y refaire sa vie.

Le roman s’inspire d’une histoire similaire survenue il y a près de dix ans en Colombie-Britannique.

Le récit dévoile le parcours intime de ces personnages lors du long traitement administratif du dossier, notamment par des retours sur la vie sri-lankaise de Mahindan. Ce dernier, qui a quitté son pays à cause de la violence exercée contre la communauté tamoule, est rempli d’espoir à la pensée de s’établir au Canada, mais une fois sur place, il comprend que son projet d’immigration sera beaucoup plus sinueux et tortueux que prévu.

Car les services frontaliers du Canada, portés par un pouvoir politique peu sympathique à la cause de ces boat-people (on devine dans le roman que ce sont les conservateurs qui sont au pouvoir à Ottawa), lui font barrage. Mahindan fait aussi face à une opinion publique méfiante envers cette arrivée massive de migrants, dont certains, selon les rumeurs, pourraient être des terroristes ou des criminels.

Comment savoir si le réfugié dit vrai ? C’est justement ce flou qui donne beaucoup de pouvoir à l’arbitre canadien, souvent forcé de prendre une décision plus fondée sur l’intuition, l’humeur populaire et le pouvoir politique que sur les faits.

C’est certainement là une des critiques obliques de l’auteure, mais ce livre est aussi une réflexion sur l’empathie qu’un peuple comme celui du Canada peut vraiment avoir pour le sort de personnes venant d’un contexte totalement différent.