Caroline Jacques, GLOBE-TROTTEUSE. T.1. ALLER SIMPLE POUR L’AFRIQUE, Montréal, Hurtubise, 2017, 241 pages.
Nuit blanche, no.148, automne 2017
C’est sans complaisance que Caroline Jacques livre un portrait de sa vie d’expatriée en Afrique, plus précisément dans le pays le plus pauvre de la planète, le Niger. Coopérante volontaire pour une ONG québécoise à titre de juriste en appui aux droits des femmes, elle décrit son courageux parcours de jeune femme (elle a à l’époque 29 ans), Blanche, seule, dans ce pays où règnent la chaleur extrême et le dénuement extrême.
Je le signale d’emblée : à titre d’ex fonctionnaire international basé en Afrique, et expatrié sur le continent pendant 4 ans, j’ai dévoré ce livre, que j’ai lu d’un trait dès que j’en ai commencé la lecture. Je me suis totalement reconnu dans la description faite par l’auteure sur le Niger, sur l’Afrique, les embûches que l’on affronte, les joies et déceptions que l’on y vit.
Caroline Jacques y décrit sa vie quotidienne : les victoires et les difficultés rencontrées au travail; la forte coupure que l’on ressent entre sa vie d’expatriée et celle de nos proches au Québec; l’amitié complice qu’on tisse entre expatriés; la pauvreté crève-cœur que l’on côtoie; l’exaspération ressentie devant la sollicitation sans arrêt qu’on y subit pour acheter des pacotilles et donner de l’argent; la grave misère dans laquelle est plongée les femmes (celles-ci étant accablées de toute part par leurs nombreux enfants et la survie de leur famille); la corruption morale de nombreux dirigeants politiques qui tranche avec l’héroïsme admirable de certains responsables de la société civile; les dangers constants posés par la malaria : tout y est décrit d’un ton exact, approprié, porté par une belle plume, précise, sans fioritures, fluide.
Même l’intimité que consent à nous faire part l’auteure, relatant sa vie sentimentale (elle part au pays tout juste après la rupture de sa relation amoureuse) est pertinente au contenu : avec le temps, on découvre souvent que les expatriés en Afrique y sont aussi pour fuir une cicatrice que l’espoir du dépaysement viendra dissoudre.
Il s’agit aussi d’un parcours à haute valeur sentimentale pour l’auteure. On y apprend, tard dans le livre, qu’elle a, jeune enfant, perdu ses deux parents, décédés sur le continent lors d’un accident aérien au Burundi…
Beaucoup rêvent, à leur jeune âge, au mitan de la vie, ou à leur retraite, d’un séjour prolongé de coopération volontaire dans un pays en développement : ce livre est pour eux. Ils y découvriront la vie qui les attend, avec les beaux moments, vraiment uniques, mais aussi, hélas, les probables désillusions.
Le sous-titre de cet ouvrage laisse entendre une suite à cette intéressante aventure personnelle. Je serai preneur.