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COP27 en Égypte-La place du gaz chaudement disputée

Il y a tout juste quelques années, le gaz était considéré comme une solution de choix dans la lutte contre les changements climatiques : une énergie peu dispendieuse, pouvant appuyer l’intégration des énergies renouvelables intermittentes. Bien qu’il soit une énergie fossile, disent ses partisans, le gaz émet beaucoup moins de gaz à effet de serre (GES) que le charbon et le pétrole, et peut servir à la production d’électricité et au chauffage.

Mais cet attribut est de plus en plus fortement contesté, notamment dans les pays riches. La place du gaz dans le mix énergétique mondial risque d’ailleurs d’être chaudement débattue lors Conférence des parties (COP27), qui s’est ouverte dimanche en Égypte et qui se poursuivra jusqu’au 18 novembre.

GAZ ET CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sont de plus en plus inquiétants, et soulignent la nécessité d’agir plus rapidement pour décarboner l’économie mondiale à l’horizon 2050. Ces rapports alarmants sur les impacts jugés irréversibles des changements climatiques ont remis en cause le rôle du gaz comme énergie de transition.

Cela vient principalement du méthane, qui est le composant dominant du gaz fossile. Le méthane s’avère plus puissant que le dioxyde de carbone pour piéger la chaleur dans l’atmosphère, et contribue ainsi significativement à la hausse des températures.

Au Québec, par exemple, le Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ) lutte farouchement pour le bannissement du gaz, notamment dans les nouvelles constructions, mais aussi comme source d’appoint pour les pics de consommation d’électricité en hiver. L’organisme est d’avis que des solutions plus économiques et plus durables existent, tel le stockage thermique. Privilégié par l’Afrique malgré la multiplication des appels en faveur de mesures décourageant l’usage du gaz, ce dernier n’a pas dit son dernier mot, notamment dans les pays en développement.

L’Afrique, continent qui accueillera la COP27, compte d’ailleurs s’appuyer sur cette source d’énergie fossile afin de faire décoller son économie. C’est même devenu un cri de ralliement sur le continent.

De nombreux États africains font face à de sérieuses lacunes en matière d’accès à l’énergie. Le continent compte 600 millions de citoyens sans électricité et son milliard d’habitants n’émet que 3 % des GES à l’échelle mondiale.

Or, sa population devrait doubler en 2050. Les dirigeants de l’Afrique, y compris son institution phare, la Banque africaine de développement, misent donc à fond sur le gaz pour fournir de l’énergie fiable à tous, aux citoyens comme aux industries.

Il faut dire que plusieurs pays africains ont fait la découverte d’importants gisements gaziers. Le continent compte en effet pour 40 % des découvertes mondiales de gaz depuis une décennie.

UNE TRANSITION À GÉOMÉTRIE VARIABLE

Ce potentiel exploitable, découragé il y a peu par les dirigeants européens en raison de ses effets sur le climat, fait toutefois l’objet, depuis la guerre en Ukraine, d’un intérêt manifeste de ces mêmes dirigeants. Ceux-ci cherchent à remplacer coûte que coûte le gaz venant de la Russie, qui a diminué ses livraisons en Europe de plus de 80 % par rapport à 2021.

Les leaders politiques et énergétiques des pays européens fortement dépendants du gaz russe, dont l’Allemagne, l’Italie et la Pologne, ont multiplié les visites en Afrique ces derniers mois afin de s’enquérir sur la possibilité de futurs contrats d’approvisionnement.

Les dirigeants africains ne sont pas sans trouver ironique ce revirement de l’Europe. Ils espèrent à présent que cette nouvelle donne débloquera enfin le financement nécessaire au développement des infrastructures gazières, afin de combler les besoins de l’Europe, mais aussi pour satisfaire leurs besoins nationaux.

Combattu par les uns, privilégié par les autres, le gaz est devenu un symbole de ce que sera la transition énergétique à l’échelle mondiale : variable selon les pays, les régions et les continents, mais aussi inconstante, imprévisible, voire chaotique. Elle ne manquera pas de générer son lot de tensions.