Robert Blondin, Le mensonge amoureux, Montréal, Éditions de l’Homme, 1985.

Le Continuum, 20 janvier 1986

DE NOTRE envoyé spécial- en mission d’espionnage, voici l’extrait d’un débat du comité des sages d’Abraham autour d’un livre portant sur un sujet hautement spirituel : l’amour tel qu’il est vécu aujourd’hui.

-Il nous faut donc aujourd’hui porter décision sur l’insertion éventuelle du livre ci-analysé parmi la noble collection faisant la gloire de notre bibliothèque. (Simenon)

– Le livre ne fait point appel aux méthodes scientifiques reconnues -et se complaît dans un langage des plus usuels. (Malphus)

-Certes, mais l’ouvrage porte sur un thème fréquemment débattu par la jeunesse et recueille auprès d’elle beaucoup d’intérêt. (Bacchius)

– En outre, j’ajouterai que l’essai, dont nous discutons, aborde le thème des relations humaines avec beaucoup de perspicacité. En cela, l’auteur démontre qu’il a longuement discuté et réfléchi sur cette question des plus épineuses. (Grotius)

-En empruntant, par pages entières, des citations d’autres penseurs ! Procédé grotesque ! (Malphus)

– J’en conviens, mais l’auteur en a conscience et s’en défend ! Il ne tente point d’épater la galerie, mais d’apporter des réflexions fort précieuses sur des réalités humaines : la fausse complémentarité dans la vie à deux, la solitude fondamentale de l’être humain, l’immobilisme de nombreux couples, apeurés par l’insécurité et le changement, la dominance du « social » dans les rapports humains. (Isedus)

– Sans parler du problème de 1’accoutumance dans la vie à deux, de l’importance du fait biologique comme source de l’amour, du besoin de développer des relations amicales extra-conjugales, ce que l’auteur nomme les couples périphériques. Autant de thèmes qui font l’objet, dans nos sociétés, de fausses conceptions et de « mensonges » que notre penseur s’emploie à identifier. (Grotius)

-Il s’agit, en fait, d’un appel à la vérité, vaccin, comme l’explique Blondin contre les déceptions inutiles. Quant à moi, et comme d’ailleurs plusieurs autres de mes pairs, j’ai lu ce livre avec beaucoup d’intérêt en m’amusant à confirmer la justesse des propos de l’auteur en maintes occasions. (Isedus)

… Ayant crainte d’être surveillé dans mon travail d’espionnage, je fus forcé de quitter 1’auguste lieu de réflexion à ce moment précis, sans savoir, malheureusement, si Malphus revint à la charge et empêcha le livre d’être accepté parmi la collection de l’illustre bibliothèque des sages. Ce sera au cours d’un second reportage que je pourrai, en m’infiltrant dans les lieux saints dont j’ai étudié toutes les ramifications, vous faire part, lecteurs, de l’importante décision. Je me souhaite donc bonne chance et bon courage.