Des tribunaux islamiques au Canada ?

Collectif, Des tribunaux islamiques au Canada ?, Sisyphe, Montréal, 2005

Nuit blanche, printemps 2006

Ce court ouvrage composé de chapitres écrits par Vida Amirmokri, Homa Arjomand, Élaine Audet, Micheline Carrier et Fatima Houda-Pépin vise à présenter et à condamner la menace que pose l’introduction de tribunaux islamiques au Canada. Il a été rédigé avant la décision ontarienne d’aban­donner ce choix, à la suite de la polémique créée par la publi­cation du rapport Boyd, com­mandé par le gouvernement de  l’Ontario qui avait décidé d’étu­dier cette épineuse question et de recommander une voie d’ac­tion. Rappelons qu’au Québec, l’Assemblée nationale a adopté unanimement une motion, ins­truite  par la députée (de religion musulmane) Fatima Houda­-Pépin (et une auteure de ce livre) rejetant l’instauration de tribu­naux islamiques. C’était en mai 2005.

C’est beaucoup le relativisme culturel induit par le multicul­turalisme qui est ici pourfendu, cette espèce d’idée molle qui veut que toutes les coutumes se valent et qu’elles doivent donc être tolérées. « La menace d’implantation de tribunaux islamiques au Canada, au nom de la liberté religieuse, de la tolérance et de la relativité culturelle, doit être prise au sérieux et dénoncée comme une nouvelle tentative, de la part de groupes islamiques, d’insti­tutionnaliser la domination masculine, l’apartheid sexuel, la xénophobie et la loi coranique à travers le monde. »

Le livre s’en prend au lobby et au jeu mené par les activistes qui agissent derrière cette ten­tative d’islamiser les tribunaux de droit de la famille. Les auteures ne se montrent guère convain­cues par leurs supposés nobles idéaux, associés au respect du droit des minorités, un culte de la culture canadienne. La pratique musulmane étant fon­cièrement, à l’heure actuelle, discriminatoire envers les fem­mes, l’introduction de la charia remet clairement en cause l’éga­lité des sexes reconnue dans les Chartes canadienne et québé­coise visant à protéger les droits et libertés de la personne. Sans compter que l’application d’un tel code religieux sur le plan civil contribuerait à « guettoïser » la communauté musulmane et, possiblement, à la rendre ouver­tement victime de préjudices à caractère racial.

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