Iran. Les mots du silence

Jean-Daniel Lafond et Fred A. Reed, Iran. Les mots du silence, Les 400 coups, Montréal, 2006.

Nuit blanche, printemps 2007

Il est beaucoup question de l’Iran ces temps-ci. C’est que le pays, après avoir flirté avec l’ouverture politique et démo­cratique, semble s’être replié, du moins du côté de ses dirigeants, vers le radicalisme religieux, sa marque de commerce depuis la révolution de 1979. C’est à une analyse de cette mouvance que nous convient Fred A. Reed et le cinéaste Jean-Daniel Lafond.

Livre-reportage issu d’un film déjà diffusé, l’ouvrage est structuré autour des rencontres avec divers intervenants de la société iranienne, principalement des personnalités enga­gées dans un mouvement de réformes visant à plus de trans­parence, de démocratie, de droits en Iran. En cela, ces « réformateurs » se heurtent à des « conservateurs » qui cherchent à garder le pouvoir à tout prix.

Les auteurs présentent un portrait plutôt pessimiste de la situation démocratique actuelle en Iran. Les personnes inter­viewées nous expliquent en bonne partie l’échec de leur fronde démocratique des der­nières années et le succès de la contre-attaque menée par les radicaux du régime, dont la figure de proue est son prési­dent actuel, grand pourfendeur d’Israël et des États-Unis.

Comme dans le film à l’ori­gine de ce livre, les auteurs constatent ici l’échec de la révolution iranienne : pauvreté d’une grande partie de la population, mais aussi absence de liberté politique : « Les inégalités sociales et la répres­sion politique dominent le bilan des 25 années de pouvoir ». Bref, un régime absolutiste en a remplacé un autre (celui du Chah), au fond plus pernicieux car les exactions sont mainte­nant commises au nom de l’islam. Seul espace de liberté : les ONG, notamment celles qui sont dirigées par des femmes, des organisations nombreuses, actives, mais sans ressources adéquates. Par la voie de la soli­darité, elles combattent en partie cette monarchie religieuse enfer­mée dans un dogmatisme qui ne répond pas aux aspirations d’une jeunesse, paradoxalement envoûtée par l’Occident et sa modernité.

L’Iran est donc une « eau en ébullition », dit un intervenant iranien. Ce qui laisse présager aux auteurs que le pays pourrait être à la veille de subir des secousses politiques d’impor­tance.

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