Aurélie Lagueux-Beloin
Collaboration spéciale, Unpointcinq.ca
Le Devoir, 24 avril 2021
Au Québec, l’électricité nous sortirait presque par les oreilles tellement on en a. Ces excédents représentent cependant de précieux alliés pour réduire la quantité de gaz à effet de serre émis par nos voisins pour produire de l’énergie.
Sur le plan énergétique, le Québec est unique au monde. Nous sommes les seuls à avoir de l’énergie renouvelable en trop ; autrement dit, nous produisons de l’énergie ayant une faible empreinte carbone et nous en produisons plus que ce que les citoyens et les entreprises d’ici en consomment. Cet excédent est loin d’être négligeable : en 2019, Hydro-Québec estimait ses surplus à 32 térawattheures (TWh), de quoi alimenter en électricité une métropole aussi populeuse que Montréal pendant une année.
Parallèlement, les Québécois figurent parmi les plus grands consommateurs d’électricité au monde. Après tout, pourquoi être économe alors qu’on a de l’électricité à revendre ? « Ces surplus représentent un atout climatique important à l’échelle nord-américaine. En les exportant vers les États du nord-est des États-Unis, ils jouent un rôle de premier plan pour éviter que ces États ne produisent de l’énergie à partir de gaz naturel, de pétrole ou de charbon, réduisant ainsi leur bilan carbone », explique Lynn St-Laurent, porte-parole chez Hydro-Québec.
Brasser des affaires
Des ententes d’approvisionnement à long terme se développent avec nos voisins. À l’aide de lignes de transport « gros volume », Hydro-Québec exporte déjà en Ontario, au Vermont et au Nouveau-Brunswick. Ce n’est pas tout : les surplus québécois ont la cote au sud de la frontière. Un contrat sur 20 ans vient d’être conclu avec le Massachusetts et des pourparlers sont en cours avec la Ville de New York.
De plus, la transition énergétique serait accélérée en établissant une concertation plus étroite entre les territoires, note Yvan Cliche, fellow au Centre d’études et de recherche internationale de l’Université de Montréal (CERIUM) et ex-délégué commercial pour Hydro-Québec international. « Plutôt que de travailler en vase clos, travailler davantage en coopération nous bénéficierait collectivement, autant financièrement que climatiquement », estime-t-il.
Apporter sa contribution
On peut, grâce à de petits gestes faits au quotidien, aider à réduire le gaspillage énergétique. Plus précisément en s’attaquant à la charge fantôme de nos appareils électriques et électroniques. Ceux-ci, même éteints, continuent à consommer de l’électricité. Même lorsqu’il n’est pas en train de réchauffer votre lunch, votre micro-ondes a en effet besoin de courant pour faire fonctionner le voyant lumineux indiquant l’heure.
Ces fuites électriques peuvent paraître minimes, mais, cumulées, elles sont très loin d’être anecdotiques. La charge fantôme gruge jusqu’à 10 % de votre facture d’électricité. Au Canada, le mode veille correspond à une consommation d’environ 5,4 TWh, ce qui équivaut aux besoins annuels en électricité de 300 000 ménages.
La meilleure solution pour limiter les pertes : « tirer la plogue ». Débranchez les appareils que vous utilisez peu (comme l’imprimante), privilégiez les multiprises avec interrupteur pour y brancher plusieurs appareils, qui s’éteindront tous simultanément, activez le mode veille des appareils électroniques et n’oubliez pas de débrancher vos appareils avant de partir en vacances.
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