Hervé Kempf, Fin de l’Occident, naissance du monde, Paris, Seuil, 2013.
Nuit blanche, juillet-août-septembre 2013
Qu’on soit davantage de droite ou de gauche, on ne peut être insensible au message d’Hervé Kempf : malgré le poison des inégalités qui subsistent dans le monde, nous sommes maintenant dans une « grande convergence » : en effet, tous, nous sommes face à une menace écologique.
Dans les pays développés, la « croissance fatigue » : nous avons toute la nourriture, tous les gadgets dont nous avons besoin. Dans les pays en développement, le dilemme est de satisfaire une population qui cherche le confort occidental sans dépouiller les ressources de la planète, notamment celles en énergie, qui coûtent de plus en plus cher : « Vouloir maintenir les conditions de la croissance signifie un coût écologique croissant. » (p.50) Bref, la « pause » que connait l’Occident depuis la crise financière devrait, pour notre bien à tous, s’étendre aux pays émergeants. Car le niveau de richesse occidental répandu à tous les pays du monde est « écologiquement inenvisageable », dit l’auteur.
Nous avons dès lors deux scénarios devant nous : soit nous poursuivons notre croissance matérielle jusqu’à plus soif, soit nous acceptons de limiter notre croissance : « plutôt que de dépenser tant d’efforts à découvrir de nouvelles ressources, la priorité devrait être d’apprendre à en consommer le moins possible » (p.71) Il faut donc changer notre conception qui associe progrès humain avec progrès matériel, bref d’ « organiser la sobriété », un processus qui ne se fera pas sans heurts, notamment sur le plan politique, tant le niveau des pays riches fait rêver les autres peuples.
Mais comment arriver à ce nouveau modèle ? L’auteur propose trois solutions : maitriser le système financier, pour le réaligner vers l’intérêt général ; réduire les inégalités, notamment au sein des pays, car elles s’accroissent davantage qu’entre les pays ; et écologiser l’économie, notamment par une réduction majeure de notre consommation d’énergie, et une société davantage axée sur l’éducation, la santé, la culture. En somme, inventer une économie qui s’adresse à l’être humain dans « la plénitude de ses possibilités de réalisation ».
Le propos de M. Kempf apparait certes un peu utopique, mais il n’est certainement pas impertinent. Disons probablement trop avant-gardiste.
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