Arafat, l’irréductible

Amnon Kapeliouk, Arafat, l’irréductible, Paris, Fayard, 2004.

Nuit blanche, no. 96, octobre 2004.

Tout le monde connaît Yasser Arafat, l’homme au célèbre keffieh, représentant depuis 30 ans les Palestiniens et leur aspiration à un État indépendant en terre sainte. Mais qui connaît bien son long parcours de combattant, tout entier consacré à donner à son peuple un sort meilleur que celui subi en 1948, lors d’une partition de la Palestine et de la création d’Israël.

Arabisant, né lui-même dans cette cité si contestée qu’est Jérusalem, côtoyant le personnage depuis des années, le reporter bien connu Amnon Kapeliouk livre une grosse biographie de Yasser Arafat, depuis son enfance entre Le Caire et Jérusalem à la création d’une OLP de guérilla dans les années 1960, à l’évolution récente qui l’a amené à reconnaître pleinement son vieil ennemi israélien.

Disons-le d’emblée : il s’agit d’une biographie positive du célèbre terroriste devenu l’homme de la paix avec Israël. Amnon Kapeliouk nous présente un Arafat radical à ses débuts, puis modéré, en somme un personnage essentiellement pragmatique, mais malgré tout porteur de convictions profondes quant au but final recherché, soit la reconnaissance internationale de son peuple. Le biais de l’auteur est manifeste dans sa présentation d’un dirigeant subissant les exactions croissantes d’Israël, comme si Arafat n’avait que peu de responsabilités dans le triste sort du peuple qu’il défend avec autant d’acharnement.

Cette réserve mise à part, Kapeliouk réussit brillamment à faire un survol complet de la fabuleuse carrière de celui qui est aussi connu sous le nom d’Abou Ammar. Y sont recensés l’extrême détermination d’Arafat à engager, dès son jeune âge, le combat violent contre Israël, son aptitude à moduler ses vues aux réalités de terrain et ainsi à reconnaître l’État hébreu, les combats internes au sein de la mouvance palestinienne, les luttes fratricides inter-arabes. On passe aussi à travers les multiples tentatives d’accord de paix, l’exil de l’OLP au Liban, en Tunisie, les combats politiques, militaires, l’intifada, la politique sans pitié d’Ariel Sharon.

Dans l’attente d’un « de Gaulle israélien » ayant le courage d’un coup d’éclat dont la région a bien besoin, Arafat, à 74 ans, en est encore à se demander « comment ceux qui ont tant souffert de l’oppression ont pu devenir à leur tour des oppresseurs », confrontant entre-temps son peuple au désespoir et à une paix bien improbable.

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