Le chemin de l’espérance

Stéphane Hessel et Edgar Morin, Le chemin de l’espérance, Paris, Fayard, 2011.

Nuit blanche, no. 127, été 2012

L’auteur du pamphlet à grand succès Engagez-vous !, publié en 2011 (S.Hessel), s’associe avec un intellectuel français de renom (E.Morin) pour tenter d’insuffler du dynamisme à la gauche française et européenne. Les auteurs dénoncent d’une part les excès du système capitaliste actuel et, d’autre part, proposent une nouvelle voie de salut public.

Le portrait du monde tel que décrit par ces penseurs apparait bien manichéen : l’humanité « voit désormais fondre sur elle l’hydre du capitalisme financier » (p.8), si bien que nous vivons une « Grande Crise », déclencheur de toutes sortes de fanatismes. « Notre système planétaire est condamné à la mort ou à la métamorphose » (p.11). Oui à la mondialisation, clament les auteurs, celle d’une communauté de destin, au profit de la Terre-Patrie, mais non à « l’essor incontrôlé des pouvoirs manipulateurs », à l’économie de profit, celle qui ravage tout, et accentue les inégalités.

Il faut donc « mondialiser et démondialiser ». Mondialiser : accroitre les intersolidarités. Démondialiser : transformer notre mode de vie dilapidateur, et faire croitre uniquement ce qui doit croitre, non plus faire de notre confort matériel une fin en soi. Promouvoir une politique de la qualité de vie, qui englobe le bien-être affectif, psychique, moral. Comment y arriver, concrètement ? Deux pistes : la réhumanisation des villes et la revitalisation des campagnes.

Il faut aussi une politique de la jeunesse, la remoralisation de l’État avec des fonctionnaires pratiquant des fonctions plus humaines, moins bureaucratiques, la revalorisation de l’école par la promotion d’une culture de l’esthétique. Bref, de bien belles intentions, misant essentiellement sur le pouvoir transformateur de l’État. Une vision somme toute bien française, pas nécessairement transposable ailleurs.

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