L’entreprise québécoise. Développement historique et dynamique contemporaine

Magazine Courants, avril-mai 1988

Yves Bélanger, Pierre Fournier, L’entreprise québécoise- Développement historique et dynamique contemporaine, Montréal, Hurtubise HMH, 1987.

Depuis le début des années 1980, on assiste au Québec à un véritable engouement pour l’économie et le monde des affaires.

À l’heure actuelle, le Québec compte, à proportion de sa population, le plus d’étudiants en administration au Canada, et les programmes de MBA accueillent maintenant de nombreux transfuges des sciences humaines prêts à faire face aux défis stimulants de l’entrepreneurship. Nombreux sont ceux qui datent cette idylle des Québécois francophones avec le business de la période suivant la Révolution tranquille. Avant cette époque, pensent-ils, les Québécois étaient repliés dans un passéisme religieux leur interdisant de conduire leurs propres affaires.

Détrompez-vous, clament les professeurs Yves Bélanger et Pierre Fournier, de I’UQAM, dans leur ouvrage L’entreprise québécoise- Développement historique et dynamique contemporaine. Les francophones, du moins certaines familles francophones, sont présents dans le secteur des affaires depuis longtemps, assez en tout cas pour avoir surpris les deux chercheurs, qui se disent étonnés de constater la profondeur des racines historiques des entreprises québécoises francophones.

Selon les deux politologues, on peut distinguer quatre grandes périodes dans la dynamique de développement des firmes québécoises, qui s’étendent de 1840 à nos jours. Au départ, le capital québécois est surtout représenté par des institutions financières, se concentre ensuite, sous l’instigation de grandes familles, dans l’agro-alimentaire et les secteurs de biens de consommation. Depuis 1960 toutefois, le capitalisme québécois a connu une grande expansion, si bien qu’on peut parler de rattrapage économique.

La thèse principale des auteurs est de démontrer le rôle central de l’État québécois dans la croissance des entreprises au Québec, comme complément au capital privé. Hydro-Québec est d’ailleurs mentionnée comme un des rouages du développement des entreprises francophones. Malgré leur plus grande présence dans le monde des affaires, concluent les chercheurs, les francophones se heurtent de nouveau à la résistance des milieux d’affaires anglo-saxons.

Encore aujourd’hui, le capital canadien n’offre qu’un « espace secondaire et une influence minime aux entrepreneurs francophones. Mauvaise chose, mais qui recèle sa contrepartie, positive celle-là : cette résistance a contribué, en partie, à l’expansion du capital francophone hors du Québec et à la percée des Québécois sur les marchés internationaux.

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