Judith Palmer Harik, Le Hezbollah. Un nouveau visage du terrorisme, Stanké, Montréal, 2007
Nuit blanche, été 2007
La guerre au Liban à l’été 2006 a fait connaître à tous une organisation nommée Hezbollah (Parti de Dieu), principale cible des opérations guerrières (ratées) d’Israël. Pourtant, cette organisation existe depuis nombre d’années, et joue un rôle central dans la politique libanaise et proche-orientale.
Rappelons ce qu’est le Hezbollah : implanté au Liban, c’est un mouvement composé essentiellement de chiites (branche minoritaire de l’islam), qui agit à la fois comme organisation caritative et politique et mouvement de résistance militaire contre Israël. Pour les uns (les Arabes), les militants sont des combattants de la liberté ; pour les autres (État hébreu, États-Unis), il s’agit d’une organisation terroriste, point à la ligne.
Qu’en est-il ? Une professeure d’origine américaine, vivant au Liban depuis des décennies, s’est intéressée à cet épineux sujet. Sa conclusion : le Hezbollah n’est pas une organisation terroriste utilisant la terreur pour la terreur. Au contraire, elle fait même preuve d’une « conduite militaire exemplaire dans le sud du Liban depuis 1985 jusqu’à aujourd’hui ». Le mouvement islamiste libanais, certes sous la forte influence de la Syrie et de l’Iran, montre quand même depuis ses débuts un grand souci de ne pas apparaître aux yeux du monde comme une organisation terroriste à la Al-Qaida. Elle veut plutôt être perçue comme un mouvement légitime de résistance au joug israélien, et c’est bien ainsi qu’elle est considérée dans le pays.
D’où la grande difficulté qu’ont les Américains notamment à faire pression sur le gouvernement de Beyrouth pour limiter, voire anéantir son influence. Les dirigeants libanais ne peuvent s’attaquer, au risque de susciter une indignation générale, à un mouvement jouissant d’une grande aura non seulement dans le pays, mais aussi dans tout le monde arabe et musulman.
L’ouvrage est bien plus qu’un simple traité sur le Hezbollah. Il permet un véritable plongeon dans la politique moyen-orientale des dernières décennies et favorise une meilleure compréhension de la psychologie inextricable des acteurs de ce coin du monde où la politique se fait principalement au bout du canon.
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