Le pharaon renversé. Dix-huit jours qui ont changé l’Égypte

Robert Solé, Le pharaon renversé. Dix-huit jours qui ont changé l’Égypte, Les Arênes, Paris, 2011, 243 p.

Nuit blanche, avril-juin 2012

Même ceux qui ont suivi, jour après jour, les événements du début de l’année 2011 en Égypte qui ont culminé par le départ inouï du président Moubarak après ses 30 ans au pouvoir, liront avec gourman­dise ce livre de Robert Solé.

Parce que cet ex-journaliste du journal français Le Monde, également essayiste et romancier, maintenant à la retraite, connaît très bien ce pays, où il a passé les premières années de son existence. La complicité teintée d’empathie qui se dégage du récit de cette révolution en témoigne.

Le livre fourmille de détails intéres­sants et d’anecdotes savoureuses sur ce qui s’est tramé au jour le jour dans ce pays durant ces mémorables semaines. Pendant un temps, le pays réel s’est arrêté, et s’est offert un agréable moment d’unité et de bravoure sous le signe de la convivialité et de la tolérance.

Place Tahrir (Libération), au coeur de la capitale, Le Caire, les lourdes brisures du pays ont cédé la place à des solidarités inattendues : des religieux musulmans oeuvrant avec des femmes sans voile, des chrétiens priant aux côtés de musulmans, des membres de la classe supérieure main dans la main avec des démunis.

On y passe le temps sous le règne de la bonne humeur : des mariages sont célébrés, des pièces de théâtre sont improvisées, on y chante, on y discute, avec cet unique humour égyptien dont Robert Solé, fort heureusement, nous révèle la subtilité.

Tous ceux qui sont là sont unis par un vif sentiment de ras-le-bol contre l’affairisme, la corruption, le népotisme, et par un goût affirmé pour la liberté, la démocratie et la dignité.

Reste maintenant à connaître la suite. À ce sujet, l’auteur, comme beaucoup d’Égyptiens, exprime un certain scepti­cisme. « Le peuple a pris la parole et n’entend pas la lâcher. Mais, après l’euphorie, l’incertitude et l’inquiétude dominent. »

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