Des pubs osées

Magazine Courants, mai-juin-juillet 1991

Pour promouvoir l’utilisation de l’énergie nucléaire, le U.S. Council for Energy Awareness, de Washington, publie depuis peu des publicités pour le moins frappantes, qui capitalisent sur les conséquences de la guerre du Golfe.

Dans l’une d’entre elles, publiée dans Business Week, les photos de Khomeyni, le défunt dirigeant iranien, de Kadhafi, président de la Libye, de Saddam Hussein, président de l’Irak, et d’Ali Khameini, leader spirituel iranien, qui portent le titre : Si vous vous sentez mal à l’aise à propos de l’énergie nucléaire, envisagez les alternatives. Un texte en explicite le message : « Encore et toujours, le Moyen-Orient menace l’approvisionnement mondial en énergie, y compris celui des États-Unis, qui importent 40 % de leur consommation de cette région. Il est temps que notre pays adopte une stratégie énergétique équilibrée qui réduise notre vulnérabilité aux caprices de tyrans… » Le texte se poursuit en décrivant les avantages de l’énergie nucléaire, notamment en termes de sécurité énergétique. L’organisme américain publie une autre publicité du même genre. On y voit deux gros pétroliers,  coiffés du titre : L’énergie d’origine nucléaire épargne plus de pétrole chaque jour que nous en importons de l’Irak et du Koweit.

L’énergie soviétique en déroute
Le magazine The Economist fait une analyse du secteur énergétique soviétique et en tire un bilan pessimiste : « l’Union soviétique fait fac à sa troisième crise énergétique en 15 ans. Celle-ci pourrait bien l’amener à la catastrophe. »

L’Union soviétique, rappelle le magazine, est le premier producteur mondial d’énergie. En 1990,11 pays a produit l’équivalent de 34 millions de barils de pétrole par jour et en a exporté l’équivalent de 5 millions. 75% de cette production provient des sources d’énergie  gaz et pétrole, 19 % du charbon 6 % provient des filières hydroélectrique ou nucléaire. Or, tous ces secteurs sont en crise. Dans le secteur du pétrole et du gaz, les réserves font face à une déplétion accélérée, due à une exploitation sauvage et à une technologie totalement désuète. Dans le secteur du charbon, les grèves des mineurs ont mis au premier plan les conditions pitoyables dans lesquels ils doivent travailler.

Enfin, reste le nucléaire et l’hydroélectrique. Mais le développement de ces deux sources d’énergie pose également problème. L’héritage de Tchernobyl est encore présent : la construction de plusieurs centrales nucléaires a été arrêtée, des centrales ont été fermées. Quant à l’hydroélectricité, le ministère de l’Énergie est réticent face aux coûts énormes de ces projets, situés surtout en Sibérie. Aux prises avec une technologie dépassée et des équipements qui vieillissent, l’Union soviétique, conclu le magazine, n’aura d’autres choses que de demander l’aide occidentale.

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