Le Devoir, 9 avril 1988
Gilles Kepel, Les banlieues de l’islam, Paris, Seuil, 1987.
Amir Taheri, La terreur sacrée. Le monde secret du terrorisme islamique, Paris, Sylvie Messinger, 1987.
L’ISLAM est-il la religion de l’avenir en Occident ? Il y a 10 ans à peine, une telle question aurait semblé totalement farfelue. Une décennie plus tard, elle s’impose et pousse à la réflexion.
Surtout en France, aujourd’hui le lieu d’un millier de mosquées et de millions de pratiquants musulmans, l’expansion de l’islam est si phénoménale qu’elle se devait d’attirer l’attention de chercheurs, à l’affût d’une première tentative d’interprétation de ce nouveau courant social. À peine posé le point final à ta thèse de se cycle sur l’islam égyptien, Gilles Kepel revient pour enquêter sur l’affirmation de la foi musulmane, mais cette fois dans son propre pays.
Selon Kepel, la progression de l’islam en France s’explique par la prise de conscience des populations émigrées musulmanes qu’elles sont dorénavant engagées dans un processus inéluctable de sédentarisation. Ces personnes, dit-il, souhaitent affirmer leur appartenance religieuse dans le cadre de la société française, une évolution qui forcera inévitablement la France à redéfinir une nouvelle affirmation d’elle-même.
Pour certains, la montée actuelle de l’islam constitue le signe annonciateur de la renaissance de la culture islamique et annonce la venue de temps plus glorieux pour les populations musulmanes. Pour d’autres, le revitalisme islamique annonce, au contraire, l’avènement de la barbarie.
C’est cette dernière position que défend Amir Taheri ancien directeur d’un grand quotidien de Téhéran. Selon lui, l’intégrisme est une aberration de l’islam véritable. Les fondamentalistes musulmans mènent une guerre à finir contre l’humanité, une lutte opposant le passéisme et le fanatisme au progrès et à la tolérance. L’avenir de l’islam, rappelle l’auteur, repose sur sa capacité à s’adapter aux espoirs, aux besoins, aux aspirations et aux réalités du monde contemporain.
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