La politique par le Coran

Edward Mortimer, Faith and Power. The Politics of Islam, New York, Vintage Books, 1982.

Le Continuum, 19 mars 1983

DEPUIS une dizaine d’années, l’Islam retient de plus en plus l’attention des analystes des pays occidentaux.

Sous l’étendard de l’Islam, une des plus puissantes dictatures du monde a été renversée en Iran. Dans le pays voisin, l’Afghanistan, une résistance d’inspiration islamique donne beaucoup de difficultés au gouvernement pro-soviétique en place. En Égypte, un sympathisant des Frères musulmans assassine le président Sadate. En Turquie, le gouvernement remet en place la Charia (Loi musulmane).

En Syrie, à Hama, une rébellion de musulmans monopolise les efforts de l’armée durant des semaines, conduisant ainsi au massacre de plusieurs milliers de personnes. Enfin au Maghreb, les tensions religieuses deviennent de plus en plus vives et, selon plusieurs observateurs, le nombre de fidèles dans les mosquées augmente ostensiblement depuis quelques années, et ce, dans toutes les régions du monde.

Qualifié de différentes façons, ce « réveil », ce renouveau de l’intégrisme, du fondamentalisme, a fait l’objet d’analyses qui toutes rendent compte de la difficulté d’étudier ce phénomène dans toute sa profondeur.

Malgré la complexité du sujet, le livre d’Edward Mortimer, «Faith and Power; The Politics of Islam » fournit une analyse honnête et sérieuse de cette résurgence de l’Islam en tant que force politique.

Mortimer, journaliste au Times de Londres, n’hésite pas à chercher dans les profondeurs de l’héritage islamique les causes du renouveau actuel de l’Islam. Après avoir brossé un tableau des attitudes traditionnelles des Musulmans face au pouvoir politique et des divisions au sein de l’Islam, l’auteur analyse l’impact de l’influence de l’Occident sur les pays musulmans.

Plus particulièrement, il étudie le cas de la Turquie, de l’Arabie Saoudite, du Pakistan et de l’Iran. Mortimer souligne aux lecteurs la variété des « réponses » des Musulmans face aux défis posés par l’Occident, en fonction des particularismes propres à chaque pays.

Avec le souci de l’exactitude propre à sa fonction de journaliste, Mortimer nous amène à comprendre l’influence réelle de l’Islam sur la vie politique des Musulmans : déterminante au niveau du discours, non déterminante sur le contenu réel de l’action politique. Aussi sait-il nous faire apprécier la diversité des définitions accordées à l’Islam et des mouvements qui s’en réclament.

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